Burgsdorf-Namibie

Burgsdorf-Namibie
30 décembre, sous oxygène à 4500 m, le désert à perte de vue.

jeudi 31 décembre 2009

Chambre avec vue

Le ciel hier à 13 h à la verticale du pad de déco.

Game Park


L'activité principale de la ferme ou nous sommes (et des autres aux alentours), c'est l'élevage mais aussi la chasse. Les terrains, aussi immenses sont-ils (85 000 hectares pour Burgsdorf) sont cloturés pour éviter aux carnassiers de venir taper dans le cheptel prévu pour la viande consommable. Vue du ciel, on a souvent du mal à dire si la barrière est haute et l'herbe est souvent plus agréable pour poser que les graviers de la piste. Les Game Park ici, c'est pas Disneyland mais bien des parcs à gibier (Game est un faux ami en anglais, c'est jeux et gibier aussi...)


Frank pris au piège avec les bêtes sauvages.


Pas moins de 4 personnes pour sortir l'aile sans endommager les clôtures.

Le remorqué en dolly

Pour voler en Namibie, nous avons expédié 3 ULMs dans le container avec nos ailes. Façon planeur, nous décollons tiré derrière un ULM qui nous monte quelques centaines de mètres avant qu'on se largue. Nous avons 3 "dolly", des chariots qui nous permettent de décoller en roulant déjà en position de vol.
20 m de roulage puis on vol à 5 m sol en attendant que l'ULM décolle à son tour. Cette semaine, Edouard, JM Varnier et Fred Pignet sont les pilote-remorqueurs



Gunter, pilote flex allemand prêt pour le roulage, JM Varnier 80 m devant aux commandes de son ULM

Météo du 30 décembre

Belle journée hier mercredi 30, mais on rencontre du vent vers 80-100 km dans le Sud, galère pour le retour, thermiques hachés et parfois violent sous les nuages et j'en passe. Fred est le seul qui boucle 240, François Isoard et Bernard Leclercq partent plein pot vers le Sud et continuent malgré un ciel bleu azur sans un seul cum (posés au km 153). Je galère et fait 2 remorqués, je ne suis en l'air qu'à 12h30, je cours après le groupe jusqu'à 100 km dans le Sud puis au retour en suivant Fred, je le vois rentrer vers le pad à travers un rideau de pluie sous un congestus juste au pad, et j'entends parler de coup de tonnerre en radio. Je pose au km 20, il y a 2 voitures qui remontent du Sud et qui pourront me récupérer.
Phiphi Wagnon descend à 120 km au Sud, vomit une dizaine de fois pendant son vol (un truc qu'il adore faire cette année) et remonte au km 30.
Bonobo fait de l'écotourisme et se pose au bord de la C14 pour essayer de sympathiser avec de nouveaux animaux, il fait 40° au sol...


Les plafs d'hier. Nous décollons du centre de la carte (Maltahohe) avec 4000 m puis on file jusqu'au Sud dans les couches brunes/orangés de Helmeringhausen avec 4800 à 5200 m.
Les prévis sont précises même au bout du monde !


Les températures au sol d'hier sur la même zone, entre 36 et 40°...

mercredi 30 décembre 2009

Baptême à l’oxygène

Avec les plafonds de thermiques en Namibie (4500 à 6000 m) il est indispensable de voler avec de l’oxygène. A 5000 m, il y a 2 fois moins d’oxygène qu’au sol, de quoi un peu perdre les pédales. Nous sommes équipés d’une bouteille de la taille d’une Évian 1,5 litre calé entre les jambes dans le harnais, couplé à un boitier électronique qui régule des shoots d’oxy cadencés à partir de 3000 m, on respire ça par des canules dans le nez. C'est en respirant par le nez (dépression créé en aspirant de l'air) que l'électronique comprends qu'il faut envoyer un shoot d'oxy (1 fois sur N en fonction de l'altitude).

Voilà la vidéo de mon premier shoot ce matin, après le premier thermique au dessus du pad. Je suis d’abord surpris par le bruit façon docu Cousteau qui m’arrive dans le nez, puis l’odeur particulière. De quoi rigoler calé dans un thermique à + 5m/s qui passe à +6m/s alors que j’approche 4000 m. Le bonheur. Un peu plus tard dans le vol, j’ai grimpé à 5200 m jusqu’à la base d’un nuage (avec 20 sec en aveugle à la boussole dans le blanc ça tirait encore à +3m/s dans le nuage).

Tula et Savanna jouent dans le jardin

Les phrases du jour...

« Un seul arbre à 20 km, c’est Mars Attack ici, je me pose dans le désert. Une voiture s’arrête, un local m’offre une bière juste sortie de la glaciaire, puis la ferme voisine me donne du gâteau. » François Isoard, posé à 153 km au Sud du déco à 14h30…

« Après 30 km de vol, j’ai vomi les saucisses du petit déj’ dans mon casque intégral » Phiphi Wagnon, content de ne plus avoir de migraines en l’air.

« Au déco en remorqué j’ai perdu mon Camelbag, j’ai volé 4h30 sans une goutte d’eau » Fred Pignet en rentrant de 240 km de survol d’un désert brulant et mortel

« Attention en rechargeant vos bouteilles d’oxygène, on a trouvé un Black Mamba hier qui se rafraichissait à l’ombre des stocks d’oxy. » Gerald, local de la ferme de Burgsdorf à propos parlant d’un des serpents les plus mortels du monde.

« Gaffe à vos harnais, hier en me posant j’ai découvert que j’avais volé avec un petit scorpion-passager-clandestin » Bruno Capelle, ami des animaux

Une vidéo de vol

Premier test avec ma nouvelle GoPro HD au dessus du désert...
(Obligé de compresser à fond, on est sur une connection WiMax dans le désert)

Des photos du trip et jour 1









Voilà des images de notre voyage et du premier jour de vol en local.
Le web est un peu capricieux ici, impossible de charger ça hier toute l'après-midi, ça plante souvent quand même.

Premier jour de vol

Burgsdorf Café


Les conditions sont annoncées « moyenne » pour le coin, 3000 m de plafond de thermiques ce qui est presque ridicule pour ici. L’autre Hic, c’est l’absence de cumulus. « Thermique bleu », ça veut dire qu’on va trouver des ascendances mais aucune matérialisation humide (nuage) pour les localiser.

C’est mieux comme ça, nous avons une journée pour se remettre en jambes, tester notre matos en conditions de combat et comprendre un peu comment les choses fonctionnent en Namibie.

Gros briefing de sécurité après le petit déj, les risques sont importants et nous préférons bétonner les infos. Plusieurs pilotes de montagnes comme moi ne sont pas totalement à l’aise en vol remorqué, il est bon de rappeler les choses. De plus, voler en Namibie impose une très bonne navigation et des infos de position constante à la base pour éviter de sécher au soleil dans un coin inaccessible. Poser loin d’une piste serait simplement mortel, nous devons donc suivre les rares routes en bétonnant les plafs avant de transiter.

Pas de surprise, la journée est sympa mais pas de quoi filer loin. 3400 m maxi, je fais plusieurs points bas dont un à la ferme de Moreson harnais ouvert prêt à poser, je trouve un thermique salvateur à moins de 100 m sol (1520) qui me remonte à 2800. Les transitions se font parfois à -3m/s, de quoi bien flipper quand les coins pour poser en sécurité sont aussi rares que dans un champ de mines. Je pose le dernier à 16 h, nous revenons à la ferme préparer le matos, débriefer, la journée d'aujourd'hui mercredi semble bien meilleure avec des cums et 4500 de plafs.

VT

40° sur le pad, c'est dur d'enfiler 4 couches. Polaires, Windstopper, cagoule et gants. On prie pour être en l'air le pus vite possible, l'aile sur le chariot on s'aligne derrière les ULMs et on regarde la manche à air...


Déco à 1400, ça fait du bien d'être 2000 m plus haut, il fait bon mais pas froid comme ce qu'on risque de rencontrer au dessus de 5000 les bonnes journées. La vue est splendide, ça intimide un peu quand même.

Notre pad grand luxe taillé sur mesure pour toujours décoller vent de face. La plus petite piste fait 1100 m !


lundi 28 décembre 2009

Jour d'arrivée


On est arrivé ! Une journée de route vers Munich pour attraper un vol direct vers la Namibie, une nuit de vol puis enfin 4 h de route/piste entre Windhoek jusqu’à Burgsdorf, la ferme qui accueille notre camp de base… 45 h de voyage pour se retrouver au milieu de nulle part, ou plutôt dans un coin de paradis entouré par l’enfer. Burgsdorf est une propriété de 2000 m2 verdoyante avec quelques 85 000 hectares de terrain clôturé pour des élevages de chèvres, oryx et un gamepark (chasse privée monumentale), il fait 40° la journée et le premier voisin est à plus de 10 km de piste.

La route s’est bien passée, dès qu’on sort de la route principale il n’y a pas grand monde. Nous avons croisé 1 seule voiture sur les derniers 110 km de pistes, par contre nous avons aperçu des phacochères, des singes, des lapins et en arrivant à la ferme ce sont les deux minous du patron qui nous ont accueilli : 2 femelles guépard de 8 mois, orphelines de leur mère après un accident de voiture, elles ont été élevés par le staff au biberon. Plutôt endormis comme de gros chats le jour à l’ombre, elles deviennent hyper joueuse dès que le soleil se couche (ouille). Bizarre de hausser le ton face à 2 créatures qui pourraient me sauter à la gorge à tout moment, mais elles réagissent exactement comme de gros chats.

Peu de temps avant de dormir, on rassemble le matos pour un premier vol demain, les conditions de vol sont annoncés moyenne, parfait pour se mettre en jambe puisque la suite semble bien meilleure.

VT



Bonobo et François dans l'avion...




L'Afrique !


A 6 personnes dans un gros 4X4 pour 350 km, Phiphi se paye le coffre.

"ici ça pose en Swift"
Jacques Bott, qui se répète 45 fois pendant la route pour se rassurer sur les vaches possible.

Le premier cum à la sortie de Windhoek, c'est le retour en été !


Happy campers. François, Bonobo et Vianney


vendredi 25 décembre 2009

Pourquoi la Namibie ?

Ce sont les pilotes de planeurs allemands en premier qui ont découvert ce spot à l’aérologie exceptionnelle. Des conditions très favorables, avec des plafonds de thermiques entre 4500 m et 6000 m les bonnes journées, offrent la possibilité de tenter des vols records en aller-retour ou en triangle. Gil Souviron, grand chasseur de record de distance, a organisé avec ses potes une première expédition en 2008 ou des vols de plus de 400 km ont été réalisés. Cette année, Gil et Fred Pignet ont monté un vrai camp de base sur presque 3 mois ou des équipes de pilotes Suisse, Français, Espagnol et Allemand vont se suivre en espérant faire les plus beaux vols de leur vie, et potentiellement faire un nouveau record mondial. Un container entier avec 30 ailes et 3 ULM est arrivé en Novembre, les ULM vont nous permettre de décoller en remorqué des plaines désertiques pour nous larguer à 300 m/sol avant de partir pour 5 à 8 h de vols selon les jours.

La Namibie est sauvage, Fred et son fils Romain gèrent au mieux pour mettre tout le monde en l’air chaque jour grâce aux 8 pistes de décollage taillé dans le désert par le bulldozer du propriétaire de la ferme ou nous logeons (8 pour en avoir une toujours face au vent). En l’air il s’agit d’être prudent, il y a très peu de routes qu’il faut suivre absolument en vol en cas de récup’ par une de nos voitures balais, poser dans le désert serait juste mortel. Il fait 40° au sol au déco, et les pilotes s’habillent suffisamment pour affronter les températures proche de zéro rencontrés au dessus de 5000 m. L’autre hic des grosses altitudes, c’est le manque d’oxygène qui nous oblige à prendre avec nous une petite bouteille dans le harnais, un boitier électronique gère selon l’altitude un envoi d’oxy en petit shoots nasals, rappelant un peu au bruit le rythme de la respiration de Cousteau au fond de l’eau selon les pilotes qui l’ont déjà expérimenté.

Voilà en gros ce que j’ai compris de l’aventure qui nous attend. Je vais m’efforcer de relayer un peu tout ce qu’il se passe sur place, nous seront entre 15 et 20 pilotes à partir de lundi. Stay tuned !

VT

En photo, Fred Pignet-Prince du désert, le roi de la logistique. Il a déjà essuyé de nombreuses pannes et casses moteur sur les ULM, en réparant à l'Africaine tout en gardant une motivation d'acier.